Résumé : |
La psychothérapie de femmes en demandes d’asile confronte le clinicien à des récits effroyables. Comment sortir de la sidération et aider les personnes ? Déployer de la tendresse dans le soin peut-il éviter de s’épuiser ?
Après avoir effectué plusieurs missions humanitaires, j’ai eu envie, à mon retour en Belgique, de continuer à travailler avec des femmes exilées. Elles ont subi toutes sortes de traumatismes dans leur pays d’origine ou sur leur route (tortures, emprisonnements, violences sexuelles, risques de noyades, esclavagisme… , 1) et il arrive que les conditions et procédures d’accueil réactivent le déni de leur vécu. La psychothérapie est d’emblée complexe, d’autant que souvent ces patientes ne maîtrisent pas bien le français (ou l’anglais), et le langage « verbal » ne suffit pas pour les soins. Dans ces contextes de « rupture de continuité d’existence » (Tovmassian, 2015), comment aider ces personnes à partager leurs états internes pour s’extraire de leur solitude ? |