Résumé : |
Si, pour le juriste comme pour le psychanalyste, la culpabilité résulte d'un processus, le principe de sa contruction diffère sensiblement. Complexe, la situation d’expertise fait interagir deux inconscients mais aussi deux expériences du sentiment de culpabilité.
La justice pénale doit se prononcer sur la culpabilité d’une personne à partir de faits établis. Par ailleurs, l’appréciation de sa responsabilité sous-entend que l’on ne juge pas quelqu’un sur le seul critère de son acte. Il en va tout autrement du sentiment de culpabilité qui, pour Freud (1), ne tire pas son origine d’un acte mais d’une intention interdite qui demeure inconsciente, tout comme le besoin de punition à travers lequel celle-ci se manifeste.
Par conséquent, il est d’autant plus difficile à l’expert, psychologue ou psychiatre, d’estimer si une personne qui n’a pas su (ou pas pu) renoncer à ses pulsions agressives et les a suivies jusqu’au passage à l’acte, a ou non conscience de sa culpabilité. Nous allons tenter de cerner les principaux facteurs qui concourent à cette difficulté lorsque cette question est posée à l’expert au moment de sa déposition aux Assises ou en Cour criminelle (2). Car s’il ne lui appartient pas de se prononcer sur la culpabilité de l’accusé proprement dite, il n’est pas rare qu’il lui soit demandé si, au cours de l’examen, l’accusé lui a confié ce qu’il éprouvait l’égard de la victime. |