Résumé : |
Le serment d’Hippocrate dans sa dernière version qui date de 2012 paraît très éloigné de la version antique. Tous deux ont pourtant la même fonction : fonder la posture éthique du futur médecin. Or, dans la littérature, cet aspect est souvent secondarisé par rapport à la question déontologique. En s’appuyant sur une méthode philosophique, l’article vise à éclairer cette fonction proprement éthique du serment. À cet effet, l’analyse s’appuie tout d’abord sur la grille interprétative du philosophe Alasdair MacIntyre. Elle permet d’identifier les trois stades structurant la compréhension du serment antique : la pratique, l’ordre narratif d’une vie et une tradition morale. Mais, le jeune médecin qui prête serment aujourd’hui ne prétend ni s’engager à vie ni s’insérer dans un jeu de transmissions. Comme autrefois, la pratique dans laquelle le médecin s’engage constitue la posture éthique : elle consiste notamment en vertus et devoirs. Mais, le serment est aussi en lui-même une promesse. Ici, la pensée d’Hannah Arendt est mise à profit pour éclairer ces enjeux éthiques. Enfin, la puissance symbolique du serment, convoquant « les lois de l’honneur », n’incarne-t-elle pas les « institutions justes » que Paul Ricœur introduit dans sa définition de l’éthique ? Plutôt que de réduire le serment à un moment obligé d’un rituel, parfois perçu comme daté, l’article entend rendre accessibles les enseignements hippocratiques pour penser la notion d’engagement et son importance pour nous encore aujourd’hui. |