Résumé : |
L’écoute de la « folie » engage le soignant sur le plan émotionnel. De quelles ressources personnelles et collectives dispose-t-il pour que l'émotion reste au service du soin et ne vienne pas le paralyser ou le dévoyer ?
Pour les professionnels du soin, la sensibilité à la souffrance d’autrui relève d’une compréhension empathique, d’une forme de compassion nécessaire pour permettre une écoute réceptive, une disponibilité psychique à l’autre.
Aujourd’hui, des techniques de prescription émotionnelle se développent. Avec la montée en puissance de la question du stress au travail, on observe le déploiement de dispositifs managériaux concourant à prescrire les états affectifs dans le travail relationnel. Hier coupables de trop d’émotions, les soignants font désormais l’objet d’une incitation au « travail émotionnel ». Développé par un courant de la sociologie des émotions initié par Hochschild, 1983, 2002, il s’agit d’un travail de contrôle et de production des émotions conformes aux exigences de la situation de travail, aux prescriptions qui les accompagnent. Les finalités de cette gestion émotionnelle prescrite sont moins du côté de la santé des professionnels que de l’accroissement de la performance attendue.
Le travail émotionnel est de plus en plus formalisé dans les manuels de formation et les discours des cadres et des formateurs (Lhuilier, 2023). Pour saisir leur portée et leur efficacité, revenons sur les épreuves psychiques de l’écoute dans le soin et leur impact sur la santé des soignants. In fine, nous préciserons les voies d’élaboration et de dépassement de ces épreuves. |