Résumé : |
Le Modèle de prévention de l’utilisation des mesures de contrôle en santé mentale met en évidence cinq cibles d'intervention spécifiques pour réduire l'isolement et la contention mécanique. Il promeut ainsi une approche de responsabilité partagée entre les acteurs de plusieurs systèmes.
Cet article examine l’état actuel des connaissances sur la prévention de la coercition formelle liée à l’isolement et la contention. De façon générale, les différentes législations permettent son utilisation «en dernier recours» lorsqu’une personne représente un danger pour elle-même ou pour autrui. Plusieurs revues systématiques ont mis en évidence les conséquences néfastes de ces mesures, tant pour les patients (risque de décès, réactivation de traumatismes, peur et honte…) que pour les soignants (blessures, dilemme éthique…). Malgré ces constats, plus de 37% des personnes hospitalisées sans leur consentement en France ont fait l’objet d’une mise en isolement en 2022, soulignant un défi persistant dans ce domaine.
Le questionnement sur ces pratiques de contrainte a évolué. Il ne s’agit plus de se demander si elles sont ou non thérapeutiques, car les résultats probants vont dans le sens inverse. L’Organisation des Nations unies (ONU a même qualifié ces pratiques de forme contemporaine de torture, soulignant ainsi la nécessité d’une réflexion approfondie sur leur utilisation. Le débat actuel réside plutôt dans le questionnement nommé «;l’impasse de Genève»: l’objectif visé doit-il être d’éliminer ou de réduire l’utilisation de ces mesures (voir aussi l’article de D. Friard, p. 34) ? Dans tous les cas, il existe une volonté d’en prévenir l’utilisation. Cette situation appelle à des actions concertées pour améliorer la prise en charge des personnes hospitalisées en psychiatrie et promouvoir des alternatives aux mesures d’isolement et de contention, en accord avec les principes de dignité et de respect des droits humains.
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