| Résumé : |
Dans ce foyer pour personnes « réputées autistes », la rencontre est inversée. Le soignant n’exige rien, il est là pour et avec les autres. À rebours de pratiques protocolisées, il s’adapte au rythme de chacun.
On se butte aux autres en permanence. Dans les soins, fréquenter nos contemporains sans se cogner, à la bonne distance, c’est-à-dire avec « une certaine fidélité, plutôt… qu’avec un gavage de mesures d’assistance » est un art difficile. Le trop-plein d’« innovations sociales » fige l’atmosphère et ajoute à la lourdeur du travail. Il n’y a pas de place, il faut trier, la seule admission en file active de psychiatrie se fait par les urgences et les listes d’attente s’allongent partout. Que faire ? Dans Lointain prochain, Deligny nous recommande de tracer notre propre chemin dans la broussaille, plutôt que d’essayer de percer tant bien que mal les labyrinthes de béton, où « les signes tombent dans le vide » . Il nous montre comment inventer et expérimenter des « tentatives » pour endurer et/ou contourner « l’amalgame des innovations ». Deligny nous raconte sa drôle de rencontre avec l’espèce humaine, alors que « quatre ou cinq petits singes » l’observent du fond de leur cage, « tapis, transis, malingres », enfermés pour le plaisir des promeneurs de foire, « nos semblables ». Les petites bêtes, aux mains cramponnées aux barreaux « regardaient de tous leurs yeux » ce petit garçon de 7 ans, en proie à un sensation d’effondrement, mêlé de honte et de colère. « Voilà donc les semblables tels qu’ils sont, foire ou pas. C’est toujours la foire ». L’empreinte de cet évènement restera gravée en lui, qui ne suivra pas les chemins tracés. Au cas où ils mèneraient à des foires. |
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La communication non-verbale in Santé mentale, n°239 (juin 2019)
